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Arzhel PRIOUL alias Mardi Noir

Contact: mardinoir@yahoo.fr

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lundi 11 août 2025

NON MERCI

NO THANKS 

Acrylic on paper, diam : 200 cm, 2025.

SUR LES MURS, LA PEINTURE !

Collectiv exhibition, curated by Loïc Le Gall & Joëlle Le Saux. 18 / 06 - 21 / 09 

Atelier des Capucins, Passage des arpètes, 25 Rue de Pontaniou, Brest, Fr.

Informations


Photo : Selma Theron

Le logo original «Atomkraft ? Nej tak» a été dessiné par la danoise Ann Lund en 1975. Très vite, le slogan a été traduit dans de nombreuses langues et s’est répandu à travers le monde jusqu’en Bretagne au moment des luttes anti-nucléaires, notamment lors de la contestation du projet de construction de la centrale de Plogoff.
«Nukleel ? Nann trugarez» apparaît pour la première fois en 1979 dans la région : on l’aperçoit en autocollant à l’arrière des véhicules ou en badge sur les vêtements. Depuis, le visuel a été maintes fois détourné en reprenant toujours ce slogan interrogatif et cette formule de politesse. Le soleil rouge change de couleur ou disparaît parfois au profit d’un autre symbole : «Pesticides ? Non merci» «Énergies renouvelables ? Bien sûr» «Bassines ? Non merci» etc.
À la tête de la société Space X, Musk ne cache pas ses ambitions de conquête spatiale en arborant son slogan «Occupy Mars» sur ses tee-shirts. Cette volonté affichée par l’homme le plus riche du monde perpétue une mentalité colonialiste qui s’illustre également dans son engagement en faveur de la politique de Donald Trump et des partis d’extrême droite à travers le monde.
La peinture s’inspire du logo d’Ann Lund, mais le soleil a été remplacé par la figure de l’alien. Le petit homme vert s’inscrit dans un mouvement antifasciste universel en s’opposant à Musk. Toujours de façon courtoise, la traduction multilingue du slogan perpétue la tradition d’un ancrage régional des luttes internationales et spatiales.
«Elon Musk ? Ni ici, ni ailleurs !»






Quel est le nombre d’exemplaires distribués du badge «Guere nucléaire non merci» avant que la faute d’orthographe ne soit corrigée et à qui revient cette maladresse ? Cette coquille rend l’objet d’autant plus singulier qu’il illustre le risque nucléaire à son paroxysme et même si son origine remonte au temps de la guerre froide, les récents conflits ont fait resurgir ce danger. Cette copie retrouvée dans les affaires familiales fut mon premier contact avec ce soleil rouge bienveillant. 





Dans l’espace public, la convergence des luttes s’illustre sur le mobilier urbain par les affichages successifs. Ainsi, en plein mouvement contre la loi-travail en 2016 à Rennes, des autocollants sur le démantèlement de la centrale de Brennilis dans le Finistère resurgissent. Je me souviens alors de ce «retour à l’herbe» promis depuis 1995 ! 
Puis en 2018, en échos à ma culture militante et régionale (mais aussi dans une volonté de transmission), je peins avec ma fille la traduction bretonne «Nukleel ? Nann trugarez».





Dans la nuit du 16 Décembre 1983, un groupe d’activistes reproduit le logo original — «Atomkraft ? Nej tak» dessiné par Ann Lund en 1975 — sur le pignon d’un bâtiment dans la ville de Aarhus au Danemark. L’œuvre est régulièrement restaurée et apparaît sur l’application Street View de Google Map depuis 2009. Dès la fin des années 70, le mouvement antinucléaire allemand a fortement contribué à la diffusion du logo qui a été traduit dans de nombreuses langues au gré des contestations et des accidents.
De PlogoffFukushima«Atomkraft ? Nein danke»






Placés à l’arrière du véhicule, l’autocollant permet au citoyen d’afficher son opinion sur un sujet mais également à rendre visible une lutte comme ce fut récemment le cas concernant le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes à l’échelle locale.
Le logo — surnommé «smilling sun» — est depuis sa création décliné sur affiches, banderoles, drapeaux, bus etc. Le principe-même de la formule est régulièrement employé pour marquer son opposition. Depuis plusieurs années, l’artiste Mathieu Tremblin imprime son visuel «Fossil fuel no thanks» sur de multiples supports. 



 



L’utilisation d’une charte graphique semblable permet d’ancrer une lutte dans une tradition militante intergénérationelle. Les codes couleurs sont souvent identiques et la police d’écriture Arial Rounded MT Bold est la norme. Dernièrement, le «non» à l’aéroport a été recopié contre l’implantation d’une usine agroalimentaire dans la commune de Liffré près de Rennes. 






L’ironie du sort fait que le fameux «smilling sun» rouge et/ou le fond jaune disparaissent sous les coups des rayons du soleil, mais le message en noir et le sourire malicieux subsistent et il n’en demeure pas moins être un allié à de nombreuses causes (en s’opposant à l’usage de flash-ball dans une manifestation contre la réforme des retraites en 2023, ou lorsqu’il se transforme en tête de chat contre le travail à Krefeld en Allemagne). 






Si quelques spécimens sont conservés au Musée de Bretagne de Rennes pour témoigner des luttes sur le territoire, les différentes associations contre le nucléaire ré-impriment l’autocollant perpétuant sa popularité à l’arrière de nos véhicules dans l’espace public pour les anciennes et les nouvelles générations ;)







Jacques Villeglé (1926 - 2022)
Intervention sur panneau d'affichage, Rennes, 1er février 1982
Photographie encadrée noir et blanc, épreuve retouchée par l'artiste
Crédit photographique : Hervé Beurel
Collection Fonds régional d'art contemporain Bretagne




Photographies de peintures anti-graffiti de la Ville de Rennes, dimensions variables, pochoir sur papier, collage 10 x 80 cm, 2023, Rue de Coëtlogon, Rennes, Fr. Free billboard.


L'artiste rennais Mardi Noir (né en 1981 à Saint-Brieuc) questionne notre rapport au langage symbolique avec une touche d'humour et d'impertinence.

Mardi Noir se distingue par son approche du collage et de la projection, souvent caractérisée par un rendu volontairement "pixelisé" ou en apparence grossière. Plutôt que de peindre directement, il privilégie l'assemblage et la juxtaposition d'éléments graphiques, revisitant notamment les panneaux de réglementation ou les symboles du quotidien. Ses créations sont régulièrement disséminées dans l'espace urbain de Rennes.

Son travail s'inscrit dans une démarche de peintre ou de colleur d'affiches, des termes qu'il préfère à celui de street artist, jugé trop générique? Il arrive à Rennes au début des années 2000 pour des études en arts plastiques et cherche à se démarquer des pratiques de tags dominantes en développant ses collages. Il aime créer un dialogue avec le lieu, n'hésitant pas à intervenir dans des endroits improbables ou à adapter son œuvre à l'environnement.

Au-delà de l'esthétique, l'œuvre de Mardi Noir porte un message. Il s'amuse à détourner les signes d'autorité et les codes établis, incitant à une observation attentive et critique du langage visuel qui nous entoure. Ses créations, bien que parfois discrètes, invitent à une réflexion sur la légitimité des règles et la perception de notre environnement urbain.






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